top of page
APPC

« Audience disciplinaire » visant à exclureEva Hein-Kunze et Léo Heinquet de la communauté

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Administrateurs, (Je me présente seule, ce soir, Léo Heinquet étant retenu par un rendez-vous médical. Je demande que tout ce que je dis soit intégralement retranscrit et versé au Procès Verbal de cette séance.) Vous nous connaissez, Léo et moi, au moins de vue. Cela fait vingt-sept ans que nous sommes membres de l’ULIF. Nous avons commencé à suivre des cours à la rue Servandoni (Duvshani et Raphael Dray). Puis, invités par nos amis Eliakim, nous sommes venus prier à Yom Kippour 5753 /1992 ici, dans cette salle. Plus tard, j’ai été présentée à la communauté par Odette Chertok avant de collaborer régulièrement à Ha-Mevasser Aujourd’hui, j’ai accepté à venir devant vous pour témoigner. Je veux affirmer que la création et le combat de l’Association pour la Protection du Patrimoine de Copernic (APPC) a été porté à tout moment par un seul souci : sensibiliser les membres de la communauté à leur héritage esthétique et mémoriel exceptionnel. Pour ce faire, il a fallu faire appel à la grande communauté des Parisiens, et même la communauté nationale, éprise de son patrimoine… Les Journées Européennes de la Culture et du Patrimoine Juif ont, depuis longtemps, répertorié Copernic. Mais c’est seulement depuis quelques années que l’attention du grand public s’est éveillée aux richesses de l’Art Déco : “Leurs yeux se sont décillés”, comme l’on dit. Ce qui leur avait été présenté comme “ringard” devint alors, à leurs yeux, une richesse. Je ne citerai que les exemples du Palais de Chaillot, ou du Musée de la Porte Dorée, récemment restaurés. La Société Art Déco Française, ses correspondants internationaux tout comme les grandes associations patrimoniales au niveau national (Sites et Monuments, Patrimoine et Environnement, SOS-Paris, Benoît de Sagazan et des journalistes spécialisés en patrimoine etc.) se mobilisent désormais pour notre synagogue. Savez-vous que d’autres édifices de Marcel Lemarié, l’architecte de cette maison, ont été classés ? Que Jeanne Lanvin a été une de ses inspiratrices ? Que le cinéaste Jean Epstein fut un de ses jeunes amis ? Lemarié est un précurseur en ce qui concerne les matériaux nouveaux de construction après la Grande Guerre (béton armé, frises en béton moulé). Et il a su faire cohabiter, sereinement, le style haussmannien de la rue avec ce qui fut la modernité de son époque. J’ose espérer de tout mon cœur qu’il y a, parmi vous, au moins quelques-uns qui ne sont pas insensible aux dimensions harmonieux de cette salle de prière et à la beauté de son décor. Les pierres parlent. Toute l’histoire de notre communauté est là. La nécessité de se cacher au moment du fascisme montant. Le besoin d’un décor sobre et élégant après la luxuriance des décors d’avant la Première Guerre mondiale et sa cruelle inauguration d’une nouvelle ère historique avec ses guerres, son terrorisme, ses attentats… Les générations qui viendront après nous seront fières de reconnaître toutes ces strates historiques conservées par leur maison mère centenaire du judaïsme francophone… Comme la justice s’est déjà saisie du volet des communications de l’APPC, je ne souhaiterais pas m’exprimer sur ces questions qui vont constituer un débat judiciaire à part. On ne va pas anticiper, ici, un procès qui aura lieu au Tribunal de Grande Instance. Mais, je voudrais vous rappeler ce qui s’est passé ici, à Copernic : Dès notre toute première lettre en octobre 2016, le président Jean-François Bensahel a refusé tout débat contradictoire concernant son projet d’un “Nouveau Copernic”. Jamais, ni à l’intérieur de cette maison, ni dans Ha-Mevasser, l’idée d’un projet alternatif n’a pu s’exprimer. Est-ce parce que le projet de Valode et Pistre (consenti sans consultation de la communauté) avait déjà été rémunéré ? Vous nous avez dit : « Nous n’avons pas le choix ! » Or, vous savez bien que c’est le maître d’ouvrage qui est à l’origine du projet, et qui en détermine l’évolution. S’il avait demandé autre chose, il aurait obtenu une réponse différente. Dans notre cas, l’esprit actuel de la communauté est nettement tourné vers la déconstruction du bâti existant (matériel et immatériel), au lieu de chercher une modernité dans la tradition de ce lieu. En cela, l’ULIF finit par être comparable à un lit de Procruste. Elle est exclusive, au lieu de réconcilier les différences. N’y sont admis que ceux qui partagent le point de vue du Président. C’est lui qui présélectionne les candidats au conseil d’administration. Comment, dans ce cas-là, un vote démocratique aurait-il été possible ? On nous a donné à choisir entre le noir et… le noir. Nous avons donc dû nous tourner vers l’extérieur, bien que la discrétion et la bienséance de la communauté nous tenaient autant à cœur qu’à vous. (Personnellement, je me considère plutôt comme quelqu’un de paisible et de discret…). Si, aujourd’hui, je devais formuler un regret, ce serait celui de l’absence, du refus de plus en plus obstiné, de tout dialogue régnant dans cette maison. Nous voulions incarner une association cultuelle – et désormais également culturelle – qui serait une communauté “d’ouverture”. Or, à cause de la personnalité autocratique de notre président, il y règne désormais un esprit contraire à toute démocratie qui, elle, est par essence contradictoire. Cette maxime est pour moi un héritage de mon grand-père journaliste, je n’y renoncerai pas : sa revendication du droit au choix l’a conduit à Dachau. Vous n’ignorez pas que les rendez-vous d’information – les A.G.s depuis 2016, les soirées d’information ou la soirée à la Mairie du XVIe en janvier – ne remplacent pas un dialogue véritablement démocratique. Il ne suffit pas de laisser s’exprimer d’autres points de vue (en les raccourcissant et interrompant par « les gêneurs habituels») – il faut aussi savoir les écouter, et même : savoir les entendre. Vous, Mesdames et Messieurs les Administrateurs, vous êtes les témoins silencieux et consentants de ce qui s’est passé ici. Vous avez assisté à la séance quasiment stalinienne lorsque Miles Frydman, le premier président de l’APPC, a voulu défendre notre cause devant le Conseil d’Administration, le 27 avril 2017 ! Au lieu de l’écouter, vous l’avez ridiculisé, humilié. Il est parti à Adath Shalom. Comme d’autres. En ce moment, je me tiens seule devant vous. Mais les 3 400 lecteurs de notre SiteWeb (<sauvegardecopernic.org>) attendent votre prise de position, et les 10 000 signataires de notre pétition « Contre la démolition de la synagogue rue Copernic » vous écoutent. Vous, les Administrateurs, vous allez voter un ‘herem, une exclusion. Cela ne s’est pas produit dans cette maison depuis qu’elle a été créée, depuis cent-douze ans. Vous accomplirez un acte de division supplémentaire dans votre communauté, au lieu de rassembler les différences. Assumerez-vous cet acte dans l’avenir ? Il a été, pour moi, un immense plaisir de travailler sur « L’Arbre généalogique » que vous avez accroché à côté, dans la Salle Charbonnel. J’ai trouvé admirable le fait que tant de communautés distinctes ont pu sortir et se souvenir d’un même tronc commun… J’ai prêté ce dessin à Isabelle Williams à l’occasion du centenaire de l’ULIF en 2007. Aujourd’hui, je voudrais le reprendre. – Je vous remercie. Eva Hein-Kunze


Comments


bottom of page